Malgré une classification souvent contredite au fil de l’histoire, le Cannabis Indica est considéré comme une variété de chanvre qui se distingue du Cannabis sativa et du Cannabis Rudéralis. En 2020, on peut même ajouter une 4e sous-espèce ou variété de chanvre, le Cannabis CBD. Les phénotypes et les génotypes de ces types de chanvre sont en effet, bien distincts. De ce fait, leurs caractéristiques sont bien marquées et chacune de ses variétés sera plus ou moins prédisposée à un usage particulier.
Si le terme « sativa » est relativement plus populaire que « indica », c’est que chronologiquement, la botanique reconnaît dès 1753 cette espèce de plante. Depuis, l’appellation perdure. Elle fait référence aux « drogues douces », aux fleurs de cannabis et au THC (tétrahydrocannabinol). Pourtant, si le Cannabis Sativa L. fut la première espèce déterminée, c’est d’abord la richesse de ses fibres et sa capacité d’adaptation à différents environnements de culture qui ont suscité cet intérêt botanique. Le Cannabis Indica d’origine aussi ancienne, fut pourtant reconnu plus tard comme étant une variété (ou une espèce) bien à part.
Histoire et origines du Cannabis Indica vs Sativa
Comme le houblon, le cannabis appartient à la famille des Cannabinaceae ou Cannabacées. Aujourd’hui tous les adeptes de cannabis connaissent plus ou moins les différentes caractéristiques entres le cannabis sativa, indica, rudéralis et cbd. Mais, d’un point de vue botanique, 2 clans s’affrontent toujours :
La classification originale de 1753 de Carl Linnaeus identifie le Cannabis Sativa comme étant la seule espèce de chanvre (lignée pure). Encore aujourd’hui, le Cannabis Sativa L. serait, pour les puristes, l’unique espèce de cannabis. Les types indica et rudéralis ne seraient que des sous-espèces de Sativa.
C’est à partir de 1785, avec les recherches du biologiste Jean-Baptiste Lamarck, sur des plants de cannabis arrivés d’Inde, que les premières contradictions de classification ont débuté. Par conséquent, un deuxième clan est né. Pour le biologiste, le phénotype de cette plante (tiges, fleurs, feuilles, écorces) est trop éloigné de celui du cannabis Sativa pour en être qu’un dérivé. Le Cannabis Indica est pour lui une véritable espèce et non une variété de Sativa.
En 2005, les recherches du naturaliste Karl Hillig (1) appuient de nouveau cette distinction. Il met en évidence 3 groupes en fonction des différences génétiques des 157 plants de cannabis mis à l’étude. Il définit alors 3 espèces :
- le Cannabis Indica, le Cannabis Sativa et le Cannabis Rudéralis (chanvre sauvage).
Les plantes Cannabis Indica se retrouvent essentiellement dans les pays fabricants de haschich (Maroc, Turquie, Népal, Afghanistan, Pakistan et Inde). Le climat montagnards rudes de ces régions leur serait plus spécifique. En effet, originellement, le chanvre indica poussait (et s’y trouve toujours!!) dans les montagnes Hindu Kush entre l’Afghanistan et le Pakistan. Son phénotype est d’ailleurs parfaitement spécifique à ces conditions climatiques.
Les graines de cannabis Indica
En France l’usage de haschich (résine de cannabis) importé d’Asie est connu dès le XIXe siècle. Il est mis en lumière, à Paris, avec le club des Hachischins (1844-1849) fondé par le docteur Jacques-Joseph Moreau. L’arrivée des premières cultures de cannabis indica découle du mouvement hippie des années 60-70. En effet, lors de leurs périples spirituels en Asie, ces voyageurs bohèmes ramenaient des graines de Cannabis Indica. Ainsi, ils pouvaient faire perdurer leur « trip » au travers le monde.
Les attributs physiques et chimiques bien particuliers du chanvre indica ont rapidement intéressé les botanistes. Ils ont fait de cette plante à la génétique singulière, le parent d’un grand nombre d’hybrides (variétés de marijuana).
En effet, le phénotype du cannabis indica (petite taille, aspect buissonneux), ses caractéristiques de croissance et de floraison courtes (à la différences des types sativas) lui ont valu un intérêt auprès des cultivateurs et des sélectionneurs (banque de graines : sélection de graine féminisée ou régulière).
Aujourd’hui, pour répondre aux exigences de production, le cannabis à dominance indica se cultive à partir de différents types de graines (féminisées, régulières ou à auto-floraison) plus ou moins spécifiques à une exploitation :
- le choix d’une graine féminisée garantit l’obtention d’un plant de chanvre femelle donc d’un bon rendement en fleurs.
- Le choix de graines à auto-floraison (caractère spécifique du Cannabis Rudéralis) garantit une récolte indépendante de la photopériode et prédéfinie dans le temps. Une graine d’autofloraison est alors moins gourmande en énergie dans une culture en intérieur et limite les risques de gel en extérieur.
- Le choix de graines régulières permet l’obtention de plants mâles et femelles nécessaires à la formation de nouvelles graines.
Le phénotype du Cannabis Indica vs Sativa
Originellement cultivé en altitude, le cannabis indica possède une apparence particulièrement adaptée aux climats de montagne :
- Avec sa petite taille (dépasse rarement 1 mètre), ses nombreuses branches et leurs entre-nœuds étroitement espacés, le chanvre indica est d’aspect buissonneux. Ces caractères bien distincts du chanvre sativa (taille haute) lui permettent de se protéger des rayons du soleil parfois très intenses en haute montagne. De plus, ils évitent la cassure que les prises au vent peuvent provoquer.
- Ses feuilles sont plutôt courtes mais larges. Elles se composent généralement de 3, 5 ou 7 gros folioles dentelés. Elles sont le symbole du cannabis malgré l’intérêt plus marqué des consommateurs pour ses fleurs. Les feuilles des souches d’indica sont d’un vert sombre (contrairement au type sativa plus clair). Conséquence directe de leur concentration importante en chlorophylle.
- Après une courte phase de croissance (8 à 10 semaines), une plante annuelle d’indica entre en phase de floraison plutôt réduite (6 à 8 semaines en moyenne pour 12 semaines avec une variété sativa).
- Particulièrement regroupées à la base de chaque nœud et à l’apex de ses nombreuses branches, ses fleurs très denses lui confèrent un très bon rendement. Notamment si on prend en compte sa petite taille. Ses lourdes têtes sont très concentrées en résine. Elles protègent ainsi le plant de ganja des rayons du soleil et des parasites. Ce paramètre est particulièrement important pour les consommateurs de cannabis et donc, pour les sélectionneurs et producteurs.
Les composés actifs du Cannabis Indica
Si le cannabis est particulièrement connus pour ses effets euphorisants et relaxants c’est qu’il y a une raison : ses composés actifs. En effet, ce type de plante produit plusieurs molécules plus ou moins spécifiques à cette espèce. Elles se retrouvent sur toutes les parties aériennes de la plante et particulièrement au niveau des fleurs :
- les cannabinoïdes : il en existe une centaine parmi les diverses variétés de chanvre. Certains, comme le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol) sont plus connus et plus recherchés que d’autres. Cet intérêt vient essentiellement de leurs concentrations et de leurs effets (récréatifs et thérapeutiques). D’une variété de marijuana à une autre, leurs teneurs sont très variables. Si le THC est le cannabinoïde naturellement plus concentré dans le cannabis, le CBD arrive en seconde position. Cette caractéristique l’est encore plus particulièrement dans le type indica.
- Les terpènes : ces molécules sont essentiellement responsables des propriétés organoleptiques du chanvre (goût et odeur). Mais, elles contribuent également à l’effet d’entourage (optimisation des effets d’un principe actif). Dans les souches de cannabis indica, la teneur en myrcène est particulièrement importante. Ce terpène s’utilise abondamment en parfumerie pour apporter des arômes mentholés et citronnés. Il serait un acteur pertinent dans l’effet « couch-lock » (scotché au canapé) qui fait la réputation du cannabis indica.
- Les flavonoïdes : ces molécules très largement répandues dans tout le règne végétale confèrent les couleurs aux fleurs. Elles contribuent donc à attirer les pollinisateurs. Elles entrent également en jeu dans l’effet d’entourage.
Les effets spécifiques du cannabis Indica
Le chanvre sativa se consomme plutôt pour ses effets stimulants cérébralement (« high cérébral). En revanche, le cannabis indica agit plus particulièrement sur le corps (« stone corporel »). Cette constatation viendrait de son ratio THC/CBD. En effet, contrairement à la teneur quasi nulle en CBD du chanvre sativa, les variétés indicas possèdent naturellement un taux en CBD très élevé. Cette spécificité à fini par donner naissance au XXIe siècle aux variétés de cannabis CBD.
Le cannabidiol (CBD) est aujourd’hui très populaire pour ses effets comme relaxant musculaire. Cette concentration naturellement élevée d’une variété d’indica combinée à celle du myrcène aurait donc pour conséquence de faire planer son consommateur (« stone corporel » voir « couch-lock » à forte dose), sa consommation est, de ce fait, plutôt conseillée pour une soirée tranquille.
D’un point de vue organoleptique, l’éventail d’arômes des variétés indicas est plus pauvre que celui des variétés sativas. Il est en revanche, très marqué. Pour exemple, les types de cannabis Kush se caractérisent par des arômes de fruits (Banana Kush, Candy Kush,…). Et, des notes plus boisées spécifient plus la Skunk (Hawaiian Skunk).
La culture du Cannabis Indica vs Sativa
De par ses origines asiatiques montagneuses (climat rude), la culture du chanvre indica demande peu d’entretien. Cette plante rustique peut notamment absorber de fortes doses de nutriments. De plus, elle supporte d’importantes variations de températures sans que cela ne l’affecte gravement. Cette simplicité de culture permet à un cultivateur même débutant de se faire la main tout en obtenant un bon rendement (grosses fleurs compactes et nombreuses). Le seul facteur pouvant véritablement impacter une récolte d’indicas est la moisissure. En effet, la densité des fleurs que ce type de cannabis produit, le rend particulièrement sensible à l’humidité. Une culture en intérieur ou sous une serre en extérieur seront alors préférables.
Malgré sa robustesse, ses meilleurs atouts sont son cycle de vie court et son apparence. En effet, la croissance d’une variété indica est réduite de moitié comparativement à celle d’une variété sativa. De plus, sa floraison est elle aussi raccourcie (autour de 6 à 8 semaines contre 10 à 12 semaines). De petite taille et d’aspect trapu, sa culture demande moins de surface pour un développement optimal. Ceci lui confère un aspect singulier pour les cultivateur en indoor (culture intérieur) ou en greenhouse (sous serre).
Dès l’arrivée des premières graines (seeds) indicas en Occident, les sélectionneurs ont voulu introduire ces caractères spécifiques, à différents degrés, dans des hybrides de cannabis. Les croisement successifs inter espèces permettent d’obtenir des plantes :
- bien fournies en fleurs (indica),
- riches en arômes (sativa),
- avec un cycle de vie court (indica et rudéralis)
- et aux teneurs en cannabinoïdes (CBD et THC) plus ou moins élevées.
Évidemment ces hybrides verront leurs propriétés organoleptiques, chimiques et physiques varier en fonction de leur dominance sativa ou indica. Pour autant, elles sont globalement plus équilibrées. Ainsi, elles répondent plus efficacement aux besoins spécifiques d’un type de culture (intérieur ou extérieur) et de son usage (récréatif, thérapeutique, gustatif ou industriel).
Pour conclure…
Pour un consommateur, la seule différence remarquable entre du cannabis indica et du sativa réside dans leurs composés actifs (« high cérébral » ou « stone corporel » et caractères organoleptiques). En revanche, pour les cultivateurs, beaucoup d’autres caractéristiques entrent en jeu (taille, rendement, cycle de vie). Afin de contenter tout le monde, de nombreux hybrides de chanvre voient le jour suite à des croisements entre les espèces sativa, indica et rudéralis. Ainsi, ils tirent profit des propriétés spécifiques à chacune. Le nombre de variétés de sativas est plus important que celui des variétés indicas. Mais, les consommateurs reconnaissent de plus en plus leurs bienfaits relaxants. Elles sont d’ailleurs bien souvent, à l’origine des hybrides de cannabis CBD légal (dans les pays ouverts au CBD).
FAQ : Cannabis Indica
[sp_easyaccordion id= »10705″]
Référence:
- Hillig K. W. 2005. Genetic evidence for speciation in Cannabis (Cannabaceae). https://link.springer.com/article/10.1007/s10722-003-4452-y