CBD et conduite : comprendre la loi, les risques et les sanctions

Posted on , by oceane
Categories:

Le CBD (cannabidiol) est une substance issue du chanvre, légalement consommable en France si le produit contient moins de 0,3% de THC. De plus en plus de Français l’utilisent pour ses effets relaxants ou thérapeutiques. Naturellement, une question se pose : peut-on prendre le volant après avoir consommé du CBD sans risquer une sanction ? Cet article fait le point sur la législation, les risques pour le conducteur et donne des conseils pratiques pour rouler en toute sérénité avec du CBD.

Qu’est-ce que le CBD ? Une substance légale mais à distinguer du THC

Le CBD, ou cannabidiol, est un cannabinoïde non psychotrope extrait du cannabis. Contrairement au THC (tétrahydrocannabinol), principal composé psychoactif du cannabis, le CBD n’entraîne pas d’euphorie ni d’addiction. C’est pourquoi la loi française autorise sa vente et sa consommation (huiles, fleurs, e-liquides, etc.) à condition que le produit fini contienne moins de 0,3% de THC. En dessous de ce seuil, le CBD n’est pas considéré comme un stupéfiant par le Code de la santé publique.

Cependant, il faut bien distinguer CBD et THC. Le THC est classé comme stupéfiant car il a des effets psychotropes et addictifs puissants. Le CBD, lui, possède surtout des effets relaxants et anti-stress. Il peut être qualifié de psychoactif léger (par son effet calmant sur le cerveau), mais pas de psychotrope au sens juridique. En résumé, consommer du CBD ne plonge pas dans un état second comme le ferait le cannabis riche en THC, et c’est pourquoi sa consommation est légale.

Effets du CBD : quel impact sur la conduite d’un véhicule ?

Malgré l’absence d’effet euphorisant, le CBD n’est pas anodin sur le plan de la conduite. Ses propriétés apaisantes peuvent engendrer des effets secondaires incompatibles avec la conduite pour certains usagers :

  • Somnolence et fatigue : à dose élevée, le CBD peut provoquer une sédation, un état de détente qui peut aller jusqu’à la somnolence. Un conducteur fatigué voit ses réflexes et sa vigilance diminuer, augmentant le risque d’accident.
  • Baisse de l’attention : sous l’effet relaxant, on peut observer un léger relâchement musculaire et une baisse de concentration. Le conducteur peut être moins alerte aux imprévus de la route.
  • Vertiges ou nausées : bien que rares, ces symptômes peuvent survenir chez certaines personnes, surtout novices avec le CBD. Ils sont évidemment dangereux si l’on se trouve au volant.

Il est à noter que ces effets varient beaucoup d’une personne à l’autre. Certains consommateurs de CBD ne ressentiront aucune gêne pour conduire, tandis que d’autres seront fortement impactés. Il est donc déconseillé de conduire pour quiconque ressent le moindre effet secondaire après avoir pris du CBD. Par ailleurs, mélanger CBD et d’autres substances peut accentuer le problème : par exemple, le CBD peut amplifier la somnolence provoquée par l’alcool ou par certains médicaments sédatifs. La prudence doit donc être double si le CBD est consommé en même temps que de l’alcool ou des calmants.

Loi cbd

CBD au volant :que dit la loi en France ?

La législation française a évolué récemment sur le CBD. À ce jour, aucun texte n’interdit explicitement de conduire après avoir consommé du CBD. En théorie, conduire “sous CBD” n’est pas une infraction, puisque le CBD n’est pas classé comme stupéfiant. Cependant, cette situation apparente cache une réalité beaucoup plus stricte en pratique.

En France, le Code de la route adopte une tolérance zéro vis-à-vis du THC au volant. L’article L235-1 du Code de la route prévoit que “toute personne qui conduit avec dans l’organisme une substance ou plante classée comme stupéfiant est passible de 2 ans d’emprisonnement et de 4 500 € d’amende”. Contrairement à l’alcoolémie, où un seuil légal est fixé, la moindre trace de stupéfiant détectée suffit à constituer l’infraction. Or le THC est un stupéfiant; c’est précisément ce composé que cherchent les tests salivaires lors des contrôles routiers.

Le problème, c’est que même le CBD “pur” peut entraîner des traces de THC dans l’organisme du consommateur. Les produits CBD vendus légalement contiennent une faible quantité de THC (max 0,3%), susceptible d’être détectée. De plus, une étude interministérielle récente a révélé que 8 produits CBD sur 10 en vente libre avaient une composition différente de celle annoncée sur l’étiquette – en clair, beaucoup contiennent parfois plus de THC que prévu. Ainsi, un usager persuadé de consommer un produit sans risque peut malgré tout se retrouver avec du THC dans le sang ou la salive.

La question de la légalité du CBD au volant a été tranchée par la justice en 2023. La Cour de cassation (plus haute juridiction française) a confirmé dans un arrêt du 21 juin 2023 que conduire après avoir consommé du CBD est interdit si cela entraîne la présence de THC dans l’organisme. Autrement dit, dès lors qu’un test de dépistage révèle des traces, le fait que le conducteur n’ait consommé “que du CBD légal” n’est pas une défense recevable. En pratique, conduire sous CBD est légal uniquement si aucun THC n’est détecté lors d’un contrôle – ce qui est impossible à garantir.

Contrôle routier positif : quels risques et quelles sanctions encourt-on ?

Si vous conduisez après avoir consommé du CBD, le danger principal est qu’un contrôle routier de routine aboutisse à un test salivaire positif au THC. Voici comment cela se passe et ce que vous risquez :

Le dépistage salivaire ne cherche pas le CBD, mais le THC

En cas de soupçon (conduite erratique, accident) ou lors de contrôles inopinés, les forces de l’ordre peuvent vous faire un dépistage salivaire de stupéfiants. Ce test rapide, effectué sur le bord de la route, est conçu pour détecter la présence de THC (et d’autres drogues comme cocaïne, opiacés, etc.). Il n’existe pas de test routier pour le CBD, car le CBD en lui-même n’est pas considéré comme une drogue.

Techniquement, le seuil de détection du THC dans la salive est extrêmement bas (seuil analytique d’environ 1 ng/mL de sang et 15 ng/mL de salive). Cela signifie que même une trace infime de THC peut déclencher un résultat positif**. Par exemple, fumer une simple cigarette de cannabis plusieurs jours auparavant, ou consommer un produit CBD mal purifié contenant du THC, peut suffire à dépasser le seuil. Le test salivaire ne quantifie pas le THC, il indique juste un résultat positif/négatif.

Si le test salivaire est négatif, vous repartez librement. S’il est positif, alors une procédure plus contraignante s’enclenche :

  • Les forces de l’ordre immobilisent le véhicule et peuvent retenir votre permis sur le champ.
  • Un second prélèvement (salivaire ou sanguin) de vérification est effectué, généralement en milieu médical, pour confirmer la présence de stupéfiants. A noter que ce second test en laboratoire ne mesure pas le taux exact de THC, il confirme juste la positivité.
  • Vous avez le droit de demander une contre-analyse (échantillon B) si vous contestez le résultat, afin de faire éventuellement valoir un vice de procédure ou une erreur, mais cela n’empêche pas dans l’immédiat la sanction administrative de suspendre le permis.

Sanctions prévues en cas de test positif au THC

La loi prévoit des sanctions très lourdes pour la conduite sous l’emprise de stupéfiants (dont le cannabis et donc, par ricochet, le THC du CBD) :

  • Retrait de 6 points sur le permis de conduire (infraction grave de 6e classe).
  • Amende maximale de 4 500 € (et amende forfaitaire délictuelle de 900 € en cas de comparution simplifiée).
  • Peine de prison pouvant aller jusqu’à 2 ans (en cas de comparution devant le tribunal correctionnel).
  • Suspension du permis pendant jusqu’à 3 ans (décidée par le juge) ou annulation du permis en cas de récidive légale.
  • Immobilisation du véhicule immédiate et mise en fourrière.

Ces peines s’appliquent que l’on ait consommé du cannabis illicite ou un produit CBD légal. En effet, pour la loi, seul compte le fait de conduire après usage de stupéfiants. À partir du moment où du THC (stupéfiant) est présent dans l’organisme du conducteur, l’infraction est constituée. Il n’y a aucune distinction liée à l’origine du THC (usage thérapeutique, CBD “légal” ou drogue illégale).

Les conséquences ne s’arrêtent pas là. Sur le plan de l’assurance automobile, par exemple, un accident survenant en conduite positive aux stupéfiants peut entraîner un refus de garantie de la part de votre assureur (vous seriez considéré en faute lourde). De plus, avoir un délit de ce type sur son casier peut compliquer la souscription d’assurances à l’avenir (fichiers d’assurés résiliés, etc.). En somme, le coût humain, financier et légal peut être énorme.

Pour donner un ordre d’idée, les forces de l’ordre intensifient ce type de contrôles : en 2022, plus de 764 000 dépistages de stupéfiants ont été effectués sur les routes françaises, et près de 120 000 (environ 15%) se sont révélés positifs. La conduite sous l’emprise de drogues est dans le viseur des autorités, il est donc illusoire de penser y échapper en cas d’usage récent de CBD.

Conseils pour consommer du CBD sans risquer son permis

Au vu de ce qui précède, voici quelques bonnes pratiques pour continuer à profiter du CBD tout en préservant votre capacité à conduire en toute légalité :

Attendez au moins 6 à 8 heures avant de prendre le volant

Après avoir consommé du CBD (sous n’importe quelle forme), il est fortement recommandé de laisser passer du temps avant de conduire. Les professionnels de santé conseillent généralement un délai de 6 à 8 heures minimum. Ce laps de temps permet à la plupart des effets sédatifs de s’estomper et réduit le risque qu’un test salivaire détecte des traces de THC issues du produit. Concrètement, si vous prenez du CBD le soir pour vous relaxer, attendez le lendemain matin avant de conduire. Et si vous avez consommé du CBD dans la journée, évitez de prendre le volant le soir même.

Évidemment, ces chiffres sont indicatifs : le métabolisme et la fréquence d’usage jouent. Pour un consommateur occasionnel, quelques heures peuvent suffire à ne plus avoir de trace détectable. En revanche, un consommateur régulier ou quotidien de CBD peut accumuler du THC résiduel ; dans son cas, il faut parfois plusieurs jours pour être totalement “négatif” (certaines études mentionnent jusqu’à 8 jours dans la salive pour un usage intensif). Dans le doute, mieux vaut espacer au maximum consommation de CBD et conduite.

Choisissez des produits CBD de qualité, à teneur en THC minimale

Il est crucial de se procurer du CBD auprès de sources fiables (boutiques spécialisées reconnues, marques certifiées). Des analyses ont montré que de nombreux produits bon marché contiennent en réalité plus de THC que le maximum légal. Pour réduire le risque, privilégiez des produits labellisés, avec des tests de laboratoire disponibles attestant d’un taux de THC conforme. Évitez les huiles ou fleurs de provenance douteuse. En cas de contrôle, pouvoir présenter l’emballage d’origine et la facture de votre produit CBD peut attester de votre bonne foi, même si cela ne suffira pas à vous disculper en cas de test positif.

Ne cumulez pas CBD, alcool ou médicaments avant de conduire

Le CBD lui-même peut légèrement altérer votre vigilance ; cet effet s’additionne à d’autres substances. Si vous avez bu de l’alcool ou pris un médicament calmant (anxiolytique, somnifère…), n’ajoutez pas du CBD par-dessus avant de conduire. L’effet combiné pourrait vous rendre beaucoup moins alerte au volant. Rappelons qu’alcool et stupéfiants au volant forment une combinaison encore plus dangereuse et sévèrement punie. Donc même si le CBD est légal, restez sobre et lucide au moment de conduire.

En cas de test positif alors que vous n’avez consommé que du CBD

Si malgré toutes ces précautions, vous êtes contrôlé positif aux stupéfiants alors que vous n’avez consommé que du CBD légal, insistez pour expliquer la situation aux autorités. Vous aurez la possibilité de demander une analyse sanguine complémentaire et de conserver l’échantillon pour une contre-expertise indépendante. Juridiquement, cela reste une situation délicate : la loi étant ce qu’elle est, vous serez considéré en tort. Mais devant le juge, votre défense pourra s’appuyer sur la preuve d’achat de CBD légal, sur d’éventuelles analyses de vos produits restantes, etc. Le cas échéant, faites-vous assister par un avocat spécialisé en droit routier pour tenter d’éviter une condamnation ou d’amoindrir la peine.

Retenez toutefois qu’une fois le test positif établi, la suspension administrative du permis est quasiment systématique dans les jours qui suivent (par mesure de précaution). Il vaut donc bien mieux ne jamais arriver à cette situation en appliquant strictement les conseils précédents.

Conclusion : prudence au volant, même avec un CBD légal

En résumé, conduire après avoir consommé du CBD est fortement déconseillé. Certes, le CBD n’altère pas les sens autant que l’alcool ou le cannabis, et il n’est pas interdit en soi. Mais la présence possible de THC résiduel fait planer une épée de Damoclès sur votre permis : un simple test salivaire positif peut entraîner les mêmes sanctions qu’une prise de stupéfiants illicites. Au vu des peines encourues (suspension, lourde amende, casier judiciaire, etc.) et des risques pour la sécurité routière, il est sage d’adopter une approche prudente.

Nos recommandations clés : Si vous consommez du CBD, faites-le de préférence à distance de vos trajets en voiture. Évitez de conduire le jour même d’une prise de CBD, surtout si c’est une dose importante ou si vous n’êtes pas habitué. Restez attentif à votre état : en cas de doute (fatigue, effets ressentis), abstenez-vous de prendre le volant. Enfin, n’oubliez pas que la route est un espace où la vigilance de chacun garantit la sécurité de tous. Il serait paradoxal de prendre un produit censé vous détendre, puis de vous exposer à un accident ou à la perte de votre permis. La meilleure des prudences reste de ne pas conduire du tout sous CBD : ainsi, vous profitez sereinement de ses effets relaxants sans jamais mettre en jeu votre sécurité ni votre avenir de conducteur.