Depuis quelques années, en France et dans le reste du monde on entend de plus en plus parler de « cannabis light ». Ce terme s’utilise pour désigner un produit contenant du cannabidiol (CBD). Il fait référence à cette plante si stigmatisée qu’est le cannabis (chanvre). De ce fait, par confusion, ce cannabis entraîne encore top souvent des polémiques. En effet, le mot « cannabis » renvoie quasi systématiquement à la beuh, l’herbe, la weed, la marijuana, la ganja et autres termes désignant cette drogue bien connue !
La commercialisation de produits au CBD (huile de chanvre, résine, e liquides au CBD…) paraît alors pour certains :
- quelque chose qui devrait être illégal
- car dangereux
- puisqu’il vient d’une plante stupéfiante d’après la loi française.
En réalité, le CBD est bien un composé du chanvre. Mais, ce n’est pas cette molécule qui a valu au cannabis d’être parmi la liste des stupéfiants. Hélas, les croyances sont tenaces! Et du coup, les produits contenant du CBD font encore parler d’eux pour une dangerosité potentielle.
Qu’en est-il vraiment : Y a t-il des dangers à consommer du CBD?
Un petit tour autour des cannabinoïdes CBD et THC
Une plante telle que le cannabis contient de nombreux composés actifs :
- les cannabinoïdes,
- les terpènes
- et les flavonoïdes.
Parmi les cannabinoïdes les plus connus et les plus concentrés, on retrouve le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol).
Le THC agit directement sur les récepteurs cannabinoïdes de notre organisme. De ce fait, il interfère avec leur fonctionnement normal. En revanche, le CBD ne dérègle pas le système endocannabinoïde. Il le stimulerait, même ! Ce sont donc les effets psychotropes néfastes pour la santé que procure le THC qui ont diabolisé le cannabis. En effet, le chanvre industriel (textile et bâtiment) n’a jamais créé de polémique. Pourtant, il s’agit également de cannabis. Tout n’est qu’une question de variétés et donc de compositions génétiques. Et bien, pour le CBD, c’est la même chose !
Pour être légaux, les produits au CBD retrouvés sur le marché doivent provenir de variétés de chanvre autorisées par l’arrêté du 22 août 1990 (1). Ces variétés ont comme spécificité principale :
- un taux en THC inférieur à 0,2%.
Vu leurs teneurs résiduelles en substance psychotrope (THC), leur consommation n’entraîne pas d’effets planants ou euphorisants.
Avis et témoignages sur le CBD
En novembre 2017, un rapport de l’OMS, exécuté suite à une réunion d’experts de la pharmacodépendance, vient clarifier la situation sanitaire du CBD :
- Si cette molécule ne peut en aucun cas être considérée à l’heure actuelle comme un médicament (études en cours), il n’entraînerait aucune addiction et ne serait pas néfaste pour la santé (2).
Si on se base sur ce rapport et sur les nombreux témoignages de consommateurs de produits au CBD (huiles, liquides pour une cigarette électronique, graines, fleurs, baumes, …), cette substance extraite du cannabis ne présenterait donc aucuns dangers.
Les effets secondaires et dangers du CBD
Comme dit l’expression : « c’est l’exception qui confirme la règle ! ». En effet, certaines études scientifiques et de rares témoignages révèlent pourtant des effets secondaires plus ou moins importants du CBD :
– Si les bienfaits du CBD sont très divers selon les avis (anti douleur, relaxation du corps et de l’eprit, …), la baisse de l’anxiété et de l’insomnie sont les principales vertus qui reviennent sans cesse dans les témoignages des consommateurs. Cette relaxation musculaire que procure le CBD peut parfois entraîner pour les personnes sensibles, une légère somnolence mettant une personne dans un état vaseux le rendant inapte à la concentration. Si cet effet peut sembler inexistant pour les utilisateurs de CBD, il est cependant déconseillé d’en consommer juste avant d’entreprendre une activité nécessitant de la concentration, comme la conduite, afin d’éviter tous risques d’accidents.
Avis médical et CBD
L’Agence Nationale des médicaments et des produits de Santé (ANSM) publie en janvier 2019, un point d’information concernant l’utilisation du CBD dans le traitement de l’épilepsie :
- « Bien qu’il puisse présenter un intérêt dans le traitement de certaines formes sévères d’épilepsies, le CBD a des effets psychoactifs, peut être potentiellement toxique pour le foie et est susceptible d’augmenter les concentrations dans l’organisme de certains médicaments notamment des anti-épileptiques, avec le risque d’accroître leur toxicité. » (3)
Des recherches scientifiques publiées en avril 2019 dans la revue « Molécule » appuie ce point d’information. Des doses importantes de CBD sont administrées à des souris afin de tester sa toxicité éventuelle. Le surdosage de CBD subit par les animaux révèle des troubles hépatiques importants (4) pouvant conduire à la mort chez certains sujets.
Le CBD n’entraîne pas d’accoutumance. Il n’est alors pas nécessaire d’augmenter la dose optimale recommandée. En effet, rien ne se passera en plus ! Une overdose de CBD provoquant une intoxication du foie chez l’humain est donc improbable.
Le CBD ne révèle pas de toxicité en tant que molécule pure. Pour autant, il peut potentiellement entrer en interaction avec des médicaments préexistants. Attention donc à l’automédication! Cette pratique peut parfois se révéler néfaste pour la santé.
Avant la prise d’un produit au CBD comme traitement thérapeutique, il est préférable d’en informer avant son médecin traitant.
Contre indication du CBD
Le CBD a des propriétés d’hypotenseur. De ce fait, sa consommation est à éviter pour les individus ayant une tension basse.
Par manque de recul et d’études approfondies sur le développement du fœtus en présence de cannabidiol dans le corps, il est déconseillé aux femmes enceintes de prendre des produits au CBD. Et ce, quelque soit leur forme (baume, graines de chanvre, huile de cannabis, …).
Pour des raisons évidentes, la vente de produits au CBD des shops spécialisés est interdite aux mineurs. Seuls des médecins peuvent, depuis le début du mois de décembre 2018, prescrire un traitement tel que l’Epidyolex. En effet, l’usage de médicament à base de CBD comme l’Epidyolex, est autorisé de façon temporaire et nominative par l’ANSM (ATU : Autorisations Temporaires d’Utilisation) dans certaines formes sévères d’épilepsie chez les enfants.
La perte de poids comme dangers du CBD?
Certains effets secondaires sont parfois énumérés parmi les témoignages d’usagers :
- nausée,
- engourdissement passager,
- diarrhée,
- irritabilité
- et modification de l’appétit
Si ces remarques ne sont pas anodines, il est important de se rappeler que paradoxalement, le CBD est souvent utilisé pour lutter contre ces désagréments. Encore une fois, certaines exceptions viennent confirmer la règle!!
Les bienfaits du CBD
Ok! Cette liste de dangers potentiels du CBD énumérés plus haut peut faire peur! Il est pourtant nécessaire de prendre en compte tous les critères avant de crier au loup !
Dans la plupart des troubles énoncés, la dose de CBD ingérée (basse, optimale, surdosage), la qualité des produits au CBD et le type de consommation (cigarette, inhalation, vaporisation, …) sont des facteurs très influents :
- De la même manière qu’un excès de chocolat écœure, prendre une dose trop importante de CBD peut potentiellement entraîner une somnolence ou la nausée.
- Un produit au CBD de mauvaise qualité, quel qu’il soit (huile de chanvre, fleurs de cannabis, graines, résine de CBD, …), dont on ne connaît ni l’origine, ni les procédés de fabrication peut engendrer des risques. Mais les responsables sont les produits chimiques (pesticides, booster de CBD, solvants, …) potentiellement présents, pas le CBD. Il est très important lors d’un achat de produit CBD que la boutique puisse fournir les informations de traçabilité (de la variété de cannabis exploitée au produit fini). En cas de doute, passez votre chemin! Outre des problèmes de santé, vous pourriez acheter un produit stupéfiant (taux de THC supérieur à 0,2%) et vous mettre hors la loi.
- Dans le cas des fumeurs, consommer des fleurs ou de la résine de cannabis dans une cigarette entraînera les mêmes risques vasculaires, respiratoires et cancérigènes que ceux du tabac (phénomène de combustion). L’inhalation, la vaporisation, la vape, l’ingestion et l’application cutanée sont des méthodes d’absorption à privilégier. Bénéficier aux mieux des bienfaits du CBD, sans mettre sa santé en danger. C’est pas mal non?!
En France comme dans bon nombre de pays en Europe, la consommation de produits au CBD est en plein essor. Finalement, quand on recense la majorité des avis concernant les effets secondaires que procure cet usage, la réponse la plus courante est, qu’il n’y en a pas ! Non psychotrope, le CBD n’engendre pas de modification de l’état de conscience. Il n’entraîne pas non plus d’accoutumance ni de dépendance. Enfin, il ne révèle aucune toxicité prouvée.
Pour conclure…
A l’heure actuelle, le CBD n’est pas une drogue. Mais, il n’est pas non plus un médicament ! Cependant, de nombreuses études se succèdent et dévoilent ses bienfaits. La France devrait d’ailleurs, dès le début de l’année 2021, mettre en place des tests encadrés sur des patients, avec du cannabis comme traitement thérapeutique. Il apparaît clairement que le CBD a encore de beaux jours devant lui.
FAQ : Les dangers du CBD
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Références :
- Arrêté du 22 août 1990 portant application de l’article R. 5132-86 du code de la santé publique pour le cannabis : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000351447/2020-10-09/
- Rapport du comité OMS, novembre 2017 : https://www.who.int/medicines/access/controlled-substances/5.2_CBD.pdf
- Point d’information épilepsie et CBD de l’ANSM du 11 janvier 2019 : https://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Epilepsie-l-ANSM-alerte-sur-les-dangers-lies-a-l-utilisation-de-produits-contenant-du-cannabidiol-vendus-notamment-sur-Internet-Point-d-information
- Hepatotoxicity of a Cannabidiol-Rich Cannabis Extract in the Mouse Model by Laura E. Ewing 1,2, Charles M. Skinner 1,3, Charles M. Quick 4, Stefanie Kennon-McGill 1, Mitchell R. McGill 1,2,3, Larry A. Walker 5,6, Mahmoud A. ElSohly 5,6,7, Bill J. Gurley 3,8 and Igor Koturbash 1,3, Étude publiée dans la revue Molécule, Avril 2019 : https://www.mdpi.com/1420-3049/24/9/1694/htm